LE CONTRE-JOUR EN PHOTOGRAPHIE -
Fermer les yeux au maximum afin de mieux voir. De voir au plus juste, au plus près, le plus dedans possible, à l’intérieur même de l’image. On plisse jusqu’à presque plus de lumière, jusqu’à flou autour et net qu’un peu, là où il faut. S’appuyer sur le contre-jour comme sur un mur. Le longer comme on le ferait avec une clôture, main sautillant d’un piquet à l’autre. Craindre l’agression du soleil glissant entre les troncs autant que l’écharde qui retient la peau. Et pourtant savourer. Plisser les yeux, puis le cœur, pour que restent dans les plis froissés des souvenirs les images d’instants impressionnés. Révéler ensuite, donner corps au papier, fixer l’instantané. Il faut remuer avec autant de violence que de douceur. Laisser sécher ensuite. Chaque pince marquant une décision dont les gouttes s’écoulent sous la photo, sous le fil tendu comme le cadran linéaire d’une horloge éventrée. Prendre une photo c’est décider de ce qu’on garde lorsque l’instant est passé.
MD